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Avant tout, il faut s’organiser un peu. Après avoir tenté de mettre au point le séjour, une solution simple a été d’utiliser les excellents services de TrekAlpes pour nous fournir un parcours bien dimensionné, gérer les réservations en refuge et fournir les documents utiles (comme les cartes IGN 3637OT et Fraternali Val Pellice n°7 et Alta Val Varaita n°17). Je ne saurais trop recommander cette agence ! Nous avions choisi un tour en 6 jours au départ (et arrivée) de France, le mont Viso étant italien lui.

En préliminaire, il a fallu trouver un hébergement pour le premier soir puis, s’y rendre. Le gîte des «7 degrés est» de l’Echalp a bien fait l’affaire. C’est une fin du monde que l’on atteint en se rendant au bout d’une route carrossable, dans un petit hameau situé dans le fond du Queyras, plus précisément dans le Haut-Guil sur le territoire de la commune d’Abriès-Ristolas.

Le bout du monde…

Le gîte est bien agréable et ses hôtes fort sympathiques. Nous y avons passé une soirée charmante qui s’est terminée par un peu de réconfort auprès d’un feu de cheminée bienvenu. Nous étions en Juillet, il faisait chaud, mais l’humidité de cette bâtisse de montagne méritait bien d’être chassée par la chaleur d’un petit foyer. Les derniers instants de la soirée furent bien doux.

Refuge « 7 degrés est », l’Echalp, Ristolas.

Jour 1 : l’Echap – Refuge Willy Jervis

Nous nous sommes levés assez tôt pour la première journée. Après avoir laissé les affaires moins essentielles dans la voiture sur le parking du hameau, nous voilà partis à monter jusqu’au premier col pour passer en Italie. Le chemin part depuis la petite église abandonnée et le petit cimetière du hameau (1700m) pour monter rapidement à travers la forêt de Praroussin. Ça sentait bon les épineux et les sous-bois. Le soleil arrivait à peine à nous éclairer, mais la chaleur était déjà palpable.

La forêt de Praroussin en allant vers le col Lacroix

Partis assez tôt, nous avons été bien tranquilles jusqu’à la sortie du bois sous la crête de Praroussin où l’on rattrape et suit le GR58 qui monte de l’autre côté du torrent de la Combe Morelle depuis la Monta. Nous y avons fait une pause et d’autres randonneurs qui avaient dû partir un poil après nous, nous avons été rattrapés par divers attelages. Une fois le Refuge Napoléon (une ruine) atteint, le col Lacroix (2300m) n’est pas loin, mais le vent s’y engouffrait vraiment très fort et il a fallu retenir les casquettes et bien se tenir sur les pieds. À l’abri du mur d’un petit refuge du col nous avons pu prendre notre collation. Nous avions pris deux pique-nique au refuge de l’Echalp et ils étaient particulièrement bien garnis (de bons pan-bagna)! Nous en avons donc gardé pour le lendemain.

Au col Lacroix en regardant vers l’Italie

La première montée étant faite, il fallait maintenant redescendre sur l’Italie en empruntant un sentier assez pentu et serpentant très fort. Pour la première journée les genoux ont bien chauffé. Nous avons croisé des bergers s’occupant de leurs troupeaux accompagnés d’ânes qui pour le coup ne déméritaient pas leur réputation d’animaux têtus. L’un d’entre eux s’est évertué à nous bloquer le chemin à plusieurs reprises.

Une fois en bas, la vallée est magnifique, c’est une grande plaine de montagne que l’on peut atteindre par la route depuis Villanova et termine par le Monte Manzol culminant à 2900m. On y trouve des troupeaux de vaches et quelques fermes. Le hameau où se trouve le refuge avait aussi une petite boutique vendant des fromages locaux. Bref, c’était la montagne dans toute sa simplicité avec le charme de l’Italie pour faire exotique.

La vallée du Jervis

En fin de journée, la vallée est balayée par les nuages de vapeur montant de la vallée du Piémont. Le soleil est parfois caché entièrement et l’impression générale est d’être sous un brumisateur. C’était bien agréable en ce mois de Juillet particulièrement chaud.

Le refuge Jervis est très agréable et ici comme pour les autres à venir, les italiens savent recevoir à table!

Salle à manger du Jervis

Le sommeil est vite arrivé aprèus cette première journée où les épaules ont enduré le poids du sac, et les pieds et les cuisses les tortures du chemin.

Avant de quitter le Jervis, je vous encourage à découvrir la vie de Willy Jervis. Pour vous faciliter la tâche, sachez qu’il s’appelle William Paget Jervis aussi connu sous le nom de Guglielmo Jervis. C’est un de ces hommes qui a honoré le genre humain, souvenez-vous en en passant par là. Je ne sais si ces choses se transmettent, ni comment, ni pourquoi; mais je peux affirmer que sa mémoire est vive d’une certaine façon, que des gens en aident d’autres, nous l’avons vu, ici et là (inutile de donner des détails).

Jour 2 : Refuge Willy Jervis – Refuge Barbara

Comme toujours en randonnée, se lever tôt pour un bon déjeuner et un départ à la fraîche est une bonne recette. Adieu le refuge.

Le refuge Willy Jervis au petit matin

Comme la veille, nous sommes partis du refuge (1700m) pour attaquer la montée vers le col de la pointe Barant (2350m). Pareil, une belle montée dans les bois pour finir juste sous la crête de la pointe. Nous avons entendu les cloches des vaches pendant toute la montée, leur joli tintement rendait encore plus bucolique l’aventure. La montée était assez facile, le chemin était carrossable (à condition d’avoir un véhicule avec une bonne puissance et de bons amortisseurs) et donc la pente pas trop dure. De plus nous avons été protégés du soleil par les magnifiques arbres pressque jusqu’en haut.

En montant à la pointe Barant

Il faisait bien chaud et cette seconde journée et la pause au Refuge Barant pour boire un coup fût bienvenue. Le gardien a été bien sympathique, ce fût une belle rencontre. Le refuge était vide et les personnes qui passaient ne s’y arrêtaient pas; alors peut-être notre venue fût-elle bienvenue pour lui! En tous cas, nous avons pris le temps d’échanger un peu sur nos vies; étrange personnage que ce baroudeur polyglotte qui semble vouloir désormais rester ici pour toujours. Les poignées de mains furent cordiales et nous repartîmes sous un soleil de plomb par un sentier carrossable en pierre qui nous faisait sentir saucisses sur le barbecue! Fort heureusement, quelques ruisseaux furent notre secours, on y trempa nos casquettes qui firent ainsi office de climatiseur naturel. Sans difficulté particulière sauf la chaleur écrasante, nous sommes alors arrivés au refuge Barbara (1750m) avec une bonne soif.

Le refuge Barbara

Il semblait qu’ici les (quelques) résidents étaient là pour un peu d’escalade, sans doute y a t-il quelques spots, en tous cas c’est ce que nous avons cru comprendfre. La toute petite vallée est aussi magnifique même si bien moins majestueuse que celle du Jervis. L’ambiance était plus rude, le refuge est bien moins grand (mais plus charmant), et les cabanes aux alentours n’étaient que de pauvres refuges de bergers. Un troupeau de vache paissait aussi en fond de vallée qui devait sans doute alimenter en lait la fromagerie locale.

Le fond de Pian Fons, derrière le Barbara

Comme la veille, le repas fût bienvenu et bien bon. Le repos tout aussi mérité et le sommeil nous a pris bien avant que la nuit ne tombe vraiment.

Avant de quitter le Barbara, je vous invite à chercher des informations sur Barbara Armour et Walter Lowrie. Søren Kierkegaard apparaît dans l’histoire…

Jour 3 : Refuge Barbara – Refuge Pian del Rè

Le troisième jour s’annonçait plus compliqué, à la fois parce que c’est toujours le cas du troisième jour mais aussi parce qu’il était prévu avec plus de difficultés (longueur, dénivelé, etc). Nous avons d’abord monté à travers une jolie forêt jusqu’à atteindre un premier col (Colle Proussera – 2200m) qui ouvrait sur une vallée derrière. Bien que haut, il y avait encore de beaux arbres mais on sentait la pierre affleurer et commencer à prendre le dessus.

Le Colle Proussera

Derrière le col il a fallu monter cette fois dans une partie plus désolée constituée de rocher et cailloux. Même si cela n’était pas particulièrement difficile, il n’y avait plus d’ombre et la montée était plus sévère, ceci jusqu’à 2400m où l’espace s’est ouvert pour la montée au Colle della Ghianna (2550m).

Le col de Ghianna

Et là, en passant la tête au col voilà enfin le Viso qui s’offre entier à nous dans toute sa majesté et sa hauteur. 3840m tout de même, ce n’est pas rien. Il est très beau. Il s’élève bien au-dessus de ses voisins et la chaîne des pics autour n’écrase pas tout. Il trône, voilà.

Le Viso, enfin!

Il ne nous quittera plus jusqu’au dernier jour. Nous avons décidé de déjeuner sous le col dans l’herbe. Il y avait très peu de monde et le silence régnait en maître. Autant que le silence existe en ces lieux; les marmottes sifflaient, les rapaces aussi, le vent glissait sur les pentes, cela ne faisait qu’entraîner à la rêverie.

La descente jusqu’à Pian del Rè fût un peu longue et la fatigue du troisième jour se fit sentir. À l’arrivée nous avons rejoint le flot des randonneurs à la journée qui descendaient des coins bucoliques du spot. Il y avait pas mal de monde, parce qu’il est possible de l’atteindre sans difficulté par la route et qu’il y a en ses environs deux magnifiques lacs pas trop difficiles à atteindre.

Encore une fois, les italiens nous ont gratifié d’un repas digne d’un restaurant de bonne facture et le repos fût mérité. Les yeux se sont vite fermés…

Pian del Rè depuis la chapelle

Jour 4 : Refuge Pian del Rè – Refuge Alpetto

Au petit matin du quatrième jour, l’organisme était enfin rompu à l’exercice et les journées qui suivirent s’enchaînèrent bien plus facilement alors que nettement plus difficiles.

Notons d’abord que Pian del Rè (1900m) est la source du Po, ce fleuve qui fonde l’Italie. Il faut y passer pour monter sous le Viso.

La source du Po

Une première petite montée nous a amenés au premier lac de montagne de notre séjour, le lago Fiorenza. Très joli. Sa surface était un parfait miroir, le vent était tombé durant la nuit et la zone bien protégée de lui de toutes les façons. Son eau est entièrement transparente, même au plus profond.

Le lac Fiorenza

C’est ensuite que les choses furent plus compliquées. Il a fallu marcher et monter dans des chemins à flanc et constitués de pierres et rocs. C’est le royaume de la roche, jusqu’au Colle del Viso (2600m). Tout d’un coup s’offrit à nous le Lago Chiaretto d’un bleu turquoise incroyable.

Le lac Chiaretto

Ensuite ce fût un peu long, mais sans danger. À certains endroits l’avancée est bien ralentie par les escarpements et enrochements divers. En haut, les névés étaient plus nombreux, on sentait le froid plus présent même si on supportait encore le T-shirt. On entendait quelques roches se détacher du Viso et le brouhaha de leurs chutes et de ce qu’elles entraînaient avec elles. Cela faisait un peu frémir, mais nous étions sur le versant qui faisait face, donc sans danger.

Les roches sous le Viso Mozzo
Sous le Viso Mozzo

Après le col du Viso, on atteint le refuge Quintino Sella qui surplombe le magnifique Lago Grande di Viso. Lui change de couleur selon l’endroit d’où on le regarde.

Le lac Grande di Viso

Nous avons pris une pause rafraichissante au refuge et avons goûté par curiosité le chocolas du Mont Viso aromatisé aux myrtilles; c’est sans plus, même si la myrtille ressort bien.

Le refuge est assez fréquenté car constitue un bon point de départ pour l’ascension du Viso. Une fois assez reposés nous sommes repartis pour redescendre sur le très tranquille Refuge Alpetto (2200m). Immédiatement, le sentiment d’être seuls au monde nous a gagné; c’est ce qui rend la randonnée si incroyable, être soi en étant baigné de la magnificence du monde.

On a croisé de petits lacs, des chutes, jusqu’à cet écrin perdu au milieu de la montagne dont je n’ai pas pris de photo (mais vous le découvrirez par vous-même n’est-ce pas ?).

Le Lago di Alpetto

Comme toujours la réception fût à la hauteur de la réputation des refuges italiens. Même si ici, nul chemin ne permet d’y monter des provisions facilement, le cuisinier a trouvé de quoi honorer les traditions. Il ne peut accueillir que peu de monde mais il n’en est qu’encore plus charmant. Un petit musée (une exposition photos surtout) est ouvert aux curieux dans une cabane jouxtant le bâti principal.

En les paupières se fermèrent encore bien rapidement…

Jour 5 : Refuge Alpetto – Refuge Vallenta

C’est une dure journée qui s’annonçait. La montée jusqu’à la passe Gallarino (2750m) n’était pas trop dure, mais il fallait tout de même bien grimper. Ici aussi nous étions assez seul. Une jolie surprise nous attendait en haut. Un chamois esseulé nous y a accueillis. En bas, au départ nous avons réussi à voir une salamandre de Lanza, la rareté protégée du Viso (malheureusement je n’en ai qu’un cliché flou qui me fait honte), c’était la belle surprise du petit matin.

Un chamois sur la passe Gallarino

Ensuite nous avons traversé des rochers à n’en plus vouloir; pour atteindre la passe San Chiaffredo (2800m) et redescendre au plan Meyer et la cabane Gheit (1900m). Que de rocs, pierres, rochers ! Dur, dur les cuisses et les pieds.

Lago Lungo

Les cuisses ont bien chauffé à la descente. Au plan Meyer une pause s’est imposée pour déjeuner dans la végétation qui reprenait la place des pierres.

Ensuite il a fallu tout remonter jusqu’au refuge Vallenta à 2450m. Sous le soleil, il a fallu prendre son mal en patience, mais ça se monte tranquillement.

En remontant vers Vallenta

Une fois arrivé, la vue vers le sud est à couper le souffle! On voit vraiment loin!

La vue vers le sud depuis le refuge Vallenta
Il fait bon de se faire griller sur la terrasse du Vallenta

Le refuge était plein à craquer et pourtant sa capacité est importante, c’est aussi un nœud entre plusieurs chemins. On an encore, et pour la dernière fois, bien mangé.

Jour 6 : Refuge Vallenta – l’Echalp

Un chamois

La montée vers le col ne présente pas de difficultés techniques mais est bien dure dès le matin. Par bonheur, nous avons pu observer des chamois. Le premier me fût indiqué par un garde régional italien qui passait par là et que je voyais regarder attentivement avec ses jumelles sans bouger. Lui demandant s’il voyait des animaux, il me répondit qu’un chamois mâle se tenait tranquille pas très loin, il m’indiqua sa localisation et nous avons passé un petit moment à le regarder…

Plus loin ce sont ses camarades que nous avons aperçus au loin sur le flanc de la montagne. Ils étaient assez nombreux (environ 7 visibles).

Ses potes

Le col de Valente n’était pas très loin. Il était enneigé et nous avons dû être prudent sur la neige glacée. Nous avons rencontré diverses plaques de glace du côté français, mais honnêtement aucune ne présentait de danger; tout au plus aurions-nous glissé sur quelques mètres.

Le col de Valante (2830m)

La descente s’effectue dans des enrochements et est du coup un peu longue. Comme sur tout le parcours, le balisage est parfait; si l’on ouvre les yeux, il n’y a aucune chance de se perdre (même par mauvais temps).

Le lac Lestio

Une fois au Lac Lestio, deux possibilités s’offrent : descendre le long du Guil ou passer par le refuge du Viso. La journée s’annonçant longue (il fallait récupérer le voiture et rejoindre l’autre point de la suite de nos vacances), nous avons décidé de descendre le long du Guil. C’est un magnifique chemin très tranquille. Vraiment une descente magnifique, même si en descendant la température elle ne faisait que monter…

Le Guil

Une fois au bout, la voiture nous a menés à Abriès pour y boire une grande boisson bien fraîche, regarder une dernière fois les sommets du Haut-Guil et rêver à d’autres aventures. On voudrait être capable de faire cela tous les jours…

Pale Rider

Cet utilisateur préfère garder un petit air mystérieux.
Il pratique des sports de nature (VTT, randonnée) dans le sud Yvelines et Essone.

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