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Les promenades sont souvent propices aux pensées, les péripatéticiens le savaient bien. Alors…

Les grands sentiments sont affaire des enfants, croit-on. Ces émotions nous prennent tout entier aux âges où l’on grandit et elles nous submergent. Ils nous laissent souvent chancelants mais nous font nous sentir être enfin quelqu’un, et ainsi prendre conscience que nous sommes au monde aussi pour les autres. Ils nous font nous dépasser et devenir un être sensible aux choses de la vie; le temps qui passe, l’amour, l’amitié, la vacuité de l’existence, notre petitesse dans le monde. Si l’on y est sensible alors ils sont puissants, immensément puissants. Ils laissent des traces au plus profond de nous, parfois délicieuses au souvenir, parfois mélancoliques. Le monde des adultes les néglige car ils les savent par trop dangereuses, elles peuvent nous amener si loin, à faire tout ce que l’on peut pour les ressentir, autant que possible, le plus longtemps et le plus fort qu’il vaut mieux les éviter de peur d’être pris dans la tourmente. C’est pourtant un puissant moteur pour vivre vraiment. Et voilà qu’en devenant grand, nous avons appris à les contenir, et à n’en montrer plus qu’une infime part et à maintenir l’illusion que nous les vivons; cela va jusqu’à les jouer faussement. Nous ne devrions pas. Nous devrions les apprivoiser et les cultiver. C’est le véritable moteur de la vie. Une vie pleine ne peut l’être que de grands sentiments. Nous n’avons que faire de la médiocrité de nos petites vies. Voilà ce qui doit nous guider. Voilà ce que nous devons donner aux autres, la vérité de nos sentiments. C’est ainsi que je conçois les choses. Je sais aussi combien ils nous dérangent dans nos habitudes et nos certitudes. Mais, c’est ainsi que je tente de vivre; c’est un peu ambitieux, voire prétentieux, mais à mes yeux tellement nécessaire et que surtout je ne sais pas y échapper. Quand d’autres veulent bien s’y laisser embarquer alors c’est merveilleux car tout d’un coup les choses s’illuminent, et notre vie prend tout son sens. Nous sentons en nous, alors, quelque chose qui nous pousse et nous attire irrémédiablement vers d’infinis bonheurs; ceux du plaisir et de la joie partagée, de l’abandon aux autres, du don de soi qui élève ou relève l’autre. Il faut donc continuer obstinément de les vivre, toujours et encore pour ressentir notre présence au monde. Mais il est si difficile de les dire, de les communiquer, que nous voilà ridicules à tenter vainement de faire état cette véritable joie. On est maladroit, on utilise des détours, on gesticule en vain, et si par un heureux hasard on y arrive alors on est trop souvent pris pour un fou. Alors tant pis, si c’est le prix à payer, j’honorerais la facture car je ne saurais en aucun cas renoncer à cela. C’est une pleine jouissance de la vie.

Pale Rider

Cet utilisateur préfère garder un petit air mystérieux.
Il pratique des sports de nature (VTT, randonnée) dans le sud Yvelines et Essone.

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